La bonne nouvelle de l’année, au delà des changements de règlement qui offriront peut être une nouvelle donne, est le retour au calendrier du circuit de Suzuka, le préféré des pilotes après Spa Francorchamps Exit le Mont Fuji et revoilà Suzuka. Retour sur l’Histoire de ce circuit en F1.
Pour tous les passionnés de F1,Suzuka occupe une place particulière.
Le Grand Prix du Japon étant souvent positionné en avant-dernière voire dernièreplace du calendrier mondial, Suzuka est souvent le juge de paix pour l’attribution de la couronne des pilotes.
Ainsi, de 1987 à 2006, pas moins de dix championnats du monde des pilotes se sont joués à Suzuka (1987,88,89,90,91,96,98,99,2000,03). Ayrton Senna, trois fois sacré au pays des samouraïs, est le spécialiste du genre, devant Hakkinen et Schumacher.
Suzuka appartient à la firme Honda, qui ironie du sort disparaît l’année du retour de son circuit. Situé dans un parc d’attractions près de Nagoya, le circuit est très technique. Dessiné par John Hugenholtz (auteur de Jarama, Zolder et Zandvoort également), ce tracé en forme de 8 a la particularité d’avoir un pont. En effet la piste vallonnée se croise.
La fameuse courbe 130R est un grand moment de bravoure, de même que tous les virages fabuleux du premier partiel chronométré.
Retour sur les grandes heures de ce merveilleux circuit
En 1987, le Japon revient aucalendrier. Dix ans après la seconde édition du Grand Prix au Mont Fuji, GerhardBerger inaugure le palmarès sur sa Ferrari.
En 1988, leGrand Prix voit unfestival Senna. Le Brésilien perd d’emblée le bénéfice de sa pole et se retrouve quatorzième au premier virage. Remontant un à un le peloton des Capelli, Berger, Boutsen, Piquet, Mansellet Alboreto, Ayrton fond sur Prost à mesure que le crachin s’abat sur Suzuka. Profitant d’une triple aspiration sur Prost et deux attardés, Senna décroche une victoire mythique, après une remontée irrésistible, implacable, digne de celle de Fangio au Nürburgring en 1957. La plus belle de sa carrière avec la démonstration du Grand Prix d’Europe 1993 à Donington.
En 1989 et 1990, Prost devance à chaque fois Senna, poleman,au départ. La première fois, Senna tente son va-tout à la chicane mais son coéquipier chez McLaren Honda ferme la porte. C’est l’inévitableaccrochage, conséquence de la déchirure amorcée à Imola entre les deux titans de la F1. Senna repart aidé par les commissaires en court-circuitant la chicane, ce qui lui sera reproché par Jean-Marie Balestre, le président de la FIA. Déclassé, le Brésilien perd sa couronne tandis que Nannini sur Benetton gagne la course sur tapis vert.
Accusant Balestre de favoritisme envers Prost, Senna se voit retirer sa superlicence à l’horizon 1990. Rétabli in extremis chez McLaren Honda pour le coup d’envoi de la saison à Phoenix, Ayrton devance Prost, passé chez Ferrari, au classement en arrivantà Suzuka.
Senna et Berger vont voir la FIA pour décaler la place de la pole sur le côté "propre" de la piste, en pleine trajectoire.
Refus de la FIA. Senna, poleman, est victime du manque d’adhérence du côté hors trajectoire. Refusant la défaite, car il sait que Prost a toutes les cahnces de s’imposer, Ayrton percute la Ferrari de son rival dès le premier virage. Le championnat 1990 se clot tristement dans un nuage de poussière.
En 1991, après avoir facilement dominé Mansell (Williams), Senna crache son venin en conférence de presse, sur Jean-marie Balestre, auquel vient de succéder Max Mosley.
En 1993, galvanisé par sa signature chez Williams Renault pour 1994, vexé de s’être fait devancer en qualif à Estoril par son jeune coéquipier finlandais MikaHakkinen, conscient qu’il s’agit d’une des dernières occasions de battre son rival Alain Prost, Senna veut hisser sa McLaren vers la victoire. Livrant une course magnifique, Ayrton devance Prost. Prenant un tour à Damon Hill, en lutte avec Eddie Irvine, dont c’est le premier Grand Prix en F1, Senna se voit repassé par Irvine. Ce crime de lèse majesté ne sera pas impuni. Senna donne après la course uncoup de poing àIrvine qui nie farouchement sa faute dans le garage de l’écurie Jordan.
En 1994, DamonHill bat Michael Schumachersous la pluie. C’est sa sixième victoire de la saison mais la première où Hill bat réellement Schumi à la régulière, le relançant de surcroît dans la course au titre.
En 1996, Jacques Villeneuve (Williams Renault)doit abandonner en pleine course. Damon Hill gagne la course et le championnat, 28 ans après son père Graham.
En 1997, on assiste à une machiavélique course d’équipe chez Ferrari. Irvine, lièvre sacrifié à la cause de Schumacher, est téléguidé par Radio Todt, qui vivra jusqu’en 2004 avec Barrichello. Jacques Villeneuve, piégé, devra attendre Jerez pour coiffer sa couronne.
En1998, MikaHakkinen bat Schumacher avec intelligence et sang-froid. Conscient que Michael rencontre une surchauffe de son V10 Ferrari, le Finlandais tarde à boucler le tour de formation mené à tombeau ouvert par l’Allemand. Ce dernier doit alors attendre le reste de la meute sur la grille. Et il cale au départ. De ce fait, Schumi part dernier, laissant la pole à son rival. La McLaren Mercedes gagne la course devant Irvine. Schumacher, remonté jusqu’en 3e position, doit finalement s’incliner après une crevaison.
En 1999, Hakkinen gagne le titre au courage devant un Schumacher peu offensif. Son rôle de joker de luxe, suite à son retour de blessure de Silverstone, ne l’enchante pas. Irvine, dont c’est la dernière course pour Ferrari, finit "anonymement" troisième, presque à un tour des deux géants du moment.
En 2000, Hakkinen devanceSchumi au départ. La McLaren et la Ferrari se livrent un duel d’une incroyable intensité. Au deuxième ravitaillement, Ross Brawn hurle de joie dans la radio de Schumacher, qui passe Hakkinen et gagne un troisième titre de champion du monde. Leurs équipiers respectifs, Coulthard et Barrichello, sont à plus d’une minute. Schumi qui met un terme à 21 ans d’attente pour la Scuderia Ferrari, qui attendait depuis 1979.
En 2003, débarrassé de Montoya à Indianapolis, Schumi doit encore faire attention à Kimi Raikkonen (McLaren) avant de fêter sonsixième titre, ce qui ferait de lui le pilote le plus couronné devant la légende Fangio. Prti loin après des qualif perturbées par la pluie, Schumi manque de s’accrocher avec Takuma Sato. Il finit 8e. Devant, Rubens Barrichello a protégé son leader, devant un menaçant Raikkonen, qui aurait alors pu devenir le plus jeune champion du monde de l’Histoire, sur une vieille MP4/17D, simple évolution de la McLaren 2002.
En2005, la course est animée par la fabuleuseremontée de Kimi Raikkonen. Tel un phénix, le Finlandais renaît de ses cendres après des qualif ratées. Alonso, parti de loin aussi, enchante les observateurs par un dépassement magistral sur Michael Schumacher dans la 130R. Quant à Iceman, parti 17e, il fond sur Fisichella et le double à l’extérieur dans le premier virage du dernier tour. Exploit magnifique du pilote McLaren, dauphin du pilote asturien.
En2006, l’EspagnolAlonso prend une option sur son deuxième championnat du monde. Michael Schumacher, largement en tête de la course, voit son moteur Ferrari exploser ... pour la première fois depuis Hockenheim 2001! Comble de malchance pour l’Allemand, qui aurait voulu finir sa carrière sur un huitième sacre mondial. Alonso, leader du losange Renault, parachève son oeuvre à Interlagos. Quant à Schumi, il prend une retraite bien méritée.