Dans l’ombre des ténors, un pilote accumule les performances, presque discrètement. Derrière les Vettel, Hamilton, Webber et autres Button, Robert Kubica montre toute l’étendue de son talent au volant d’une Renault plus performante que ses devancières. Le Polonais n’est en effet qu’à seize points (moins qu’une deuxième place !) de son ami Fernando Alonso… qui fut l’emblématique pilote du losange au milieu des années 2000. Si l’Espagnol rêvait depuis longtemps de lier son destin à celui de la Scuderia, il n’en était pas de même pour Robert vis-à-vis de Renault : l’an passé, le marché des transferts étant fermé, l’équipe basée à Enstone était le seul choix qui lui restait. Vu les médiocres résultats des deux exercices précédents, on peut comprendre que la partie n’était pas gagnée d’avance. Et pourtant, aujourd’hui, l’association Kubica-Renault est florissante ! Au volant d’une R30 saine, peu gourmande en gommes et en constante évolution, Robert s’épanouit enfin, lui qui souffrait du climat rugueux et trop rigide de la défunte écurie BMW. Là ou les Allemands exerçaient une direction de grosse entreprise (trop “corporate” en bon franglais), les hommes de Renault ont les mains plus libres, eux qui sont aussi des “racers” avant tout.
S’il semble acquis que Kubica restera l’an prochain sous le signe du losange, il pourrait même signer un contrat à plus long terme s’il reçoit la garantie que l’écurie a les capacités financières et techniques pour se battre au sommet (on murmure que des discussion avec Mastercard sont en cours). La vitesse de développement des jaune et noir est une indication encourageante. D’autant que selon Alan Permane, ingénieur en chef, certaines évolutions introduites à Valence déploieront tout leur potentiel le week-end prochain à Silverstone, comme le nouveau diffuseur soufflé, inspiré de celui de Red Bull (et que McLaren étrennera sur ses terres).
Dans la décision que doit prendre prochainement le patron, Eric Boullier, de poursuivre le développement de la R30 ou de basculer plutôt les ressources sur la voiture de l’an prochain, la volonté de conserver Kubica jouera un rôle : une mauvaise fin de saison refroidirait le Polonais… qui espère en même temps piloter une voiture plus rapide dès l’an prochain. Sinon, il ira chez Ferrari. Éternel dilemme !