De Cesaris

Pas facile d’évoquer la carrière du "Che". Parmi les 4 pilotes qui ont atteint jusqu’a présent la barre des 200 GP, 3 ont été de grands pilotes de leur époque. L’un d’eux a même décroché des titres mondiaux. Mais Andréa ne peut prétendre qu’a un seul record... le pire de tous... celui du plus grand nombre de GP disputés sans victoire, titre qu’il a ravi à Jarier.

Pourtant, Andrea était loin d’être un mauvais pilote. Champion du Monde Junior de Karting, il débarque en F1 à l’age de 21 ans en 1980, ce qui est très jeune pour l’époque. D’emblée, il fait preuve d’une remarquable pointe de vitesse. Mais son principal défaut ne tarde pas non plus à se révéler. En 1981, chez Mclaren ou il remplace Prost, il massacre pas moins de 18 châssis... un autre record à son actif. Inutile de dire que Dennis qui venait de prendre le contrôle de l’équipe n’a que moyennement apprécié. Retour chez Alfa, l’écurie de ses débuts ou il signe une pole position à Long Beach. Mais les perfs d’Andrea ne sont souvent que des feux de paille. Très rapide sur quelques tours, voir même sur quelques portions de circuits seulement, il s’avère incapable de confirmer sur la durée d’une course. Péché de jeunesse me direz vous ? Absolument pas ! Pendant près de 14 ans, la carrière de De Cesaris n’a été qu’une longue litanie de coups d’éclats, de sorties de route. Sans compter une forte propension au bouchonnage. Ce brave Andrea ignorait royalement l’utilité des rétros. Et s’en sortait le plus souvent sans sanction de la part du pouvoir sportif. Autre particularité d’Andrea, un visage ravagé par les tics nerveux avant de monter dans la voiture. Rassurant !!Mais reprenons le fil de sa carrière, après l’épisode Alfa, De Cesaris se couvre de Bleu en 1984, année de son arrivée chez Ligier. La belle époque de Ligier est terminée, les années de transition se succèdent et De Cesaris est un avatar de plus pour les Bleus. Quelques jolis coups comme d’habitude, notamment la 4eme place à Monaco mais surtout un très gros coup à Zeltweg. Sur le vieux Zeltweg, ultra rapide et vallonné, De Cesaris part dans un gros survirage, quitte la piste, se plante dans le talus sur le coté et amorce une effroyable série de tonneaux. Il s’en sort sans dommage, un miracle. De retour aux stands, il explique calmement à ses mécanos qu’il a effectué un "tetacou". Récidiviste, Andrea est viré. (Son remplaçant, Streiff, en fera de belles lui aussi...)

Mais Andrea retombe toujours sur ses pieds. Comment fait il ? Un de ses grands copains s’appelle Aleardo Buzzi. Qui est-ce ? Le PDG de Philip Morris International. Ca aide... Toujours accompagné d’un solide attaché case, De Cesaris est le symbole d’une F1 Italienne florissante, à défaut d’être talentueuse.

Après Ligier, viendront Minardi, Brabham puis Rial ou il décroche une étonnante 4e place à Détroit en 1988. Quand je vous disais qu’il avait un joli coup de volant... parfois. Puis retour en Italie en 89 et 90 avec Dallara. En 91, il a l’honneur de débuter la saga Jordan F1 avec Gachot. Ahhh, la sublime Jordan verte. L’année de la maturité pour Andrea ? Toujours est il qu’il multiplie les belles performances tout en faisant preuve d’une belle régularité. L’exploit, il est bien près de le signer à Spa quand il talonne le leader Senna avant d’abandonner. Mais ce GP pointe aussi cruellement les limites d’Andrea. Aux essais, il assiste incrédule a la démonstration de Schumacher sur une voiture qu’il ne connaît pas.Il débarque alors chez Tyrrell en 92 pour une nouvelle brillante saison. Mais sa seconde saison chez Tyrrell vire au naufrage. La voiture a troqué son Ilmor pour un Yamaha et les performances s’en ressentent. Pire, De Cesaris qu’on croyait assagi, retombe dans ses pires travers. Les sorties de route succèdent aux accrochages. C’en est fini pour lui. Il ne retrouve pas de volant en 94.Mais le destin veille. Sous la forme d’un fougueux Irlandais qui rappelle De Cesaris par certains aspects. Sao Paulo 94, Irvine réussit un strike et envoie 3 voitures au tapis, pour l’un des crash les plus spectaculaires de la décennie. Très (trop) sévèrement sanctionné, Irvine écope de 3 Gp de suspension. Remplacé par Suzuki à Aïda, c’est De Cesaris qui assure l’intérim à Imola et Monaco. Tout De Cesaris est résumé dans ces 2 courses. Sortie de route à Imola et 4eme place à Monaco au volant de la Jordan. C’est son 199e GP. A Barcelone, Irvine réintègre Jordan et De Cesaris est donc à pied. C’est Sauber qui l’appelle alors pour remplacer Wendlinger blessé. C’est donc au Canada que Andrea dispute son 200e GP.

Pour la fin de la saison, il est prévu que Wendlinger reprenne le volant. De Cesaris part donc en vacances sur une île déserte. Mais Wendlinger est insuffisamment remis. Au dernier moment, il préfère déclarer forfait. Sauber rappelle De Cesaris... qui est injoignable ! C’est pour cela que Lehto a assuré les 2 derniers GP. Il était logique que la carrière d’Andrea s’achève sur cet ultime gag.


"Un pilote de haut niveau" : C’est du moins l’avis de tous lors de son entrée en Formule 1. McLaren l’emploie même dès la saison 1981 !








Force est de constater que la chance a peut-être souri trop tôt pour Andrea de Cesaris qui détient le record du plus grand nombre de F1 détruites : 18 châssis, pas moins ! En 1981... Arrivé à 21 ans en Formule 1 était très tôt pour l’époque, et Andréa de Cesaris manquait assurément de maturité.

Mais son talent s’est finalement révélé à quelques reprises en 1983 chez Alfa-Roméo. Quelques coups d’éclats aussi en 1984 avec une 4ème place à Monaco, par exemple. Trop peu jusqu’à ce que Jordan ne lui donne une chance en 1991. Andrea de Cesaris se révèla plus calme, plus serein enfin capable de canaliser son énergie pour le plus grand bonheur des équipes qui l’employèrent ensuite comme Tyrrell, puis de nouveau Jordan et enfin Sauber en 1994.

Mais lorsqu’il acheva son remplacement pour 8 courses de Karl Wendlinger, il s’en alla en vacances avant que Peter Sauber ne tente de le joindre en vain. Sa carrière s’arrêta là ! En 2005, Andrea de Cesaris a cependant accepté de relever le défi des Grand Prix Masters, où un plateau d’anciens pilotes de Formule 1 se disputent un titre sur plusieurs courses !



Palmarès F1 :

208 Grands Prix disputés
59 points marqués
Meilleur classement en course : 3ème
5 podiums
1 pole position
1 meilleur tour en course
Meilleur classement au Championnat : 8ème en 1983


Carrière :

1979 : Championnat de Formule 2 et Vice-Champion de Grande-Bretagne en F3
1980 : Débuts en F1 chez Alfa-Roméo - Non classé
1981 : 18ème, 1 Point (McLaren-Ford)
1982 : 17ème, 5 Points (Alfa-Roméo)
1983 : 8ème, 15 Points (Alfa-Roméo)
1984 : 17ème, 3 Points (Ligier Renault)
1985 : 18ème, 3 Points (Ligier Renault)
1986 : Non Classé (Minardi Motori-Moderni)
1987 : 14ème, 4 Points (Brabham BMW)
1988 : 15ème, 3 Points (Rial Ford)
1989 : 18ème, 4 Points (BMS Dallara Ford)
1990 : Non Classé (BMS Dallara Ford)
1991 : 9ème, 9 Points (Jordan Ford)
1992 : 9ème, 8 Points (Tyrrell Ilmor)
1993 : Non Classé (Tyrrell Yamaha)
1994 : 20ème, 4 Points (3 points avec Jordan Hart et 1 point avec Sauber Mercedes)
2005 : Grand Prix Masters

Coéquipiers en F1 :

B.Giacomelli (1980-1982), J.Watson (1981), M.Baldi (1983), R.Arnoux (1984-1985), A.Nannini (1986), S.Modena et R.Patrese (1987), A.Caffi (1989-1990), B.Gachot, M.Schumacher, R.Moreno et A.Zanardi (1991), O.Grouillard (1992), U.Katayama (1993), R.Barrichello et H-H.Frentzen (1994)